Préhistoire au Musée de l’Homme
Si lointains, si proches. Entre le Gravettien et le Magdalénien (en gros, entre -30.000 et -15.000) nos ancêtres du Paléolithique Supérieur européen ont produit des oeuvres et des objets d’art dont la signification profonde est perdue dans la nuit des temps mais dont la puissance esthétique reste intacte. A Paris, le Musée de l’Homme en présente un ensemble auquel on peut difficilement être indifférent.
Les pièces sont petites et cassées, fragments miraculeusement conservés d’une production qui a du être autrement plus conséquente que ce qu’on en connaît. De l’os, de la pierre, de l’ivoire sur lesquels sont sculptés et gravés humains et animaux d’un temps où les uns et les autres vivaient en symbiose dans des paysages glaciaires dont aurait du mal à croire qu’il étaient ici-même.
Des ours, des bouquetins, des loups, des mammouths, des chevaux aussi et même une sauterelle (la seule représentation connue d’un insecte dans l’art paléolithique), signe qu’à un moment, un réchauffement du climat a eu lieu. Et des femmes, figures tutélaires dont on ne peut que supposer ce que leur représentations nombreuses pouvaient symboliser pour les communautés qui les ont créées.
Des femmes aux formes plantureuses surréalistes comme la Vénus de Lespugue, très célèbre, ou à la séductivité esthétique toute contemporaine comme celle d’El Pendo, beaucoup trop méconnue. Des Rubens et Brancusi du fond des âges, dont les intentions, évidemment, étaient tout autres…
Dans ces chefs-d’oeuvre, si les humains semblent frappés d’une réticence à la figuration réaliste, les animaux ne montrent aucune hésitation : l’attention au détail naturaliste est époustouflant. Les silhouettes sont vraies, les attitudes exactes. A l’unisson de la nature et les fréquentant de près ou de loin au quotidien, les artistes qui les ont gravés ou sculptés en savaient et en comprenaient tous les comportements.
A l’entrée de l’exposition, une plaquette de pierre nous accueille. Gravé dessus, un profil humain. Son nez s’allonge en une sorte de museau et ses scarifications évoquent des rituels intemporels. L’objet a été découvert en 1937 avec des dizaines d’autres dans la Grotte de La Marche, à Lussac-les-Châteaux, au sud-est de Poitiers. Agé d’environ 16.000 ans, c’est l’un des premiers portraits de l’histoire de l’humanité. Avec son impassibilité de médaille, le visage ne nous regarde pas mais nous, on peut l’observer de près, depuis si loin. Et méditer. Rien que pour ça…
Le texte ne reflète que mon avis personnel